Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Melting Pot et vin blanc doux
17 août 2007

Rage de Ciel

C’était l’heure avant l’heure, les minutes bénies où le rêve se glisse de pupille à paupière, palpable à la conscience. Cet instant où le monde ressurgit en fragments qui s’assemblent d’un coup quand on ouvre les yeux. Il y a eu l’amorce de ce mugissement, le hurlement et puis le choc. C’était où ? Dans le rêve où bien dans la vraie vie ?

Y’a quelquefois une heure de perception aigüe dans une seule seconde. Elle a bondi face à la baie vitrée qui regarde la montagne et senti la main brune du gamin qui cramponnait la sienne. C’était pas dans le rêve. Il y en a de très forts, mais jamais de solides. Là, le monde était noir et le mur dévalait plus vite que le son. Il aurait dû faire jour. Mauerschnee. Mur de neige. Mur de glace, qui a heurté la vitre dans un claquement froid, y collant un cadavre d’oiseau même pas sorti du nid et des débris de bois. Que le temps de se dire « il ne restera rien ». Pas un pétale de rose, pas un brin de lavande, une fleur aux châtaigniers. Il ne restera pas un nid de rossignol dans les herbes écrasées, hachées menu d’une rage éphémère. Ca n’a duré que le temps d’une poignée de terreur, une fulgurance d’apocalypse selon les saints absents. Que le temps que la vague épousant la maison ébranle les dormeurs quiets « Voyez, je passe et je m’en vais mourir. »

Aussi vite qu’apparue elle était repartie, et le jour revenu dans une pluie fine et drue qui chantait sur les feuilles.

C’était peut être un rêve, après tout – le rayon de lavande luisait dans la rocaille et comme chaque matin, émergeant du bosquet, la horde des chevreuils avançait doucement en scrutant le silence. Le chat, imperturbable, s’étirait à ses pieds. N’eut été l’hécatombe de roses et de pivoines soufflées, scattered around, et les bras du gamin cramponnés à son cou dans un reste d’angoisse, elle aurait bien pu croire que ce n’était pas vrai.

« Allez viens mon bonhomme, c’était rien. Rien d’autre qu’un mur de glace qui s’en voulait passer au dessus de nos têtes. Ecoute, déjà les oiseaux chantent un requiem joyeux à la mémoire du vent ».

« Un requiem joyeux ? Allons ma pauvre mère, tu divagues je crois. J’ai faim, je me demande si c'est bon les tartines aux cerises ? »

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Melting Pot et vin blanc doux
Publicité