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Melting Pot et vin blanc doux
14 août 2007

Etonnant non ?

tram
Ce matin j’ai pris pour la première fois la seconde ligne du tram. Je n’étais pas très bien réveillé, mais quand j’ai vu foncer vers moi ce…

J’étais prévenu pourtant, je savais à quoi m’attendre, mais de le voir en vrai, ça m’a coupé le souffle.

Une énorme chenille de carnaval. Une caricature de printemps pour le salon de Gulliver. La peinture naïve et bariolée de l’éclosion des fleurs sur le pupitre des maternelles, et en même temps, un bouquet de chaleur et de tendresse, un vrai sourire, moqueur, indulgent…

Ceux de la première ligne, bleu profond avec les oiseaux, étaient délicieux, poétiques et consensuels.

Ceux là, la première surprise passée, je crois bien que je vais les adorer. Bon d’accord, ils sont moitié kitsch moitié Stark et moitié frappadingues, mais au moins ça réveille.

En plus ça va me donner l’occasion de voir des têtes nouvelles.

Tiens en parlant de têtes nouvelles, elle est mignonne la petite brune. Et elle sourit. J’ai même l’impression que c’est à moi qu’elle sourit. Oui, aucun doute, c’est à moi, chic.

J’essaie de sourire aussi, de ne pas avoir l’air trop ballot. Je me décide et m’approche d’elle.

J’évoque d’un regard circulaire le décor de la rame et je lui demande :

« Alors, qu’est-ce que vous en pensez ? »
« Etonnant, non ? »

Elle me l’a fait à

la Desproges. Je

crois que je suis en train de vivre une journée que je n’oublierai pas. D’abord ce tram réveille-matin, et puis cette fille qui doit avoir tout juste vingt ans, qui me sourit, et qui me répond juste ce qu’il fallait pour me faire plaisir.

Elle pose sa main droite sur ma poitrine. Elle sourit encore.

« Surpris ? Ca ne m’étonne pas, les vieux sont toujours surpris quand on leur montre qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des lettres et des idées. »

Je m’enhardis à poser ma main sur celle de la délicieuse insolente.

« J’aimerais bien savoir ce que vous faites dans la vie, Mademoiselle l’Erudite »

Elle écarte ma main.

« Mademoiselle l’Erudite est étudiante en Lettres »

Je bondis, moi je suis prof de Lettres justement, le hasard est en marche !

Je le lui dis, elle sourit encore, me tripote le revers de la veste, et moi je dois commencer à prendre la teinte juste au dessus de homard dans la gamme crustacés en détresse. Je sens que je vais me mettre à bafouiller si elle continue à me regarder comme ça.

Le tram ralentit pour l’arrêt suivant. Elle ramasse son sac par terre, hoche la tête.

« Je descends là, salut »

Je la retiens par le bras

« Attendez, laissez moi votre numéro de téléphone »
« 06 16 22 45 47 »

Elle m’a lancé son numéro au vol en courant vers la porte.
J’ai porté la main à ma poche de veste pour le noter tout de suite, en répétant le numéro comme un forcené dans ma crainte d’en perdre en route, et puis quand j’ai compris, j’ai continué à répéter en boucle 22 22 22.
J’ai du mal à le croire.
Cette garce m’a piqué mon portefeuille.
Etonnant non ?
A l’arrêt suivant, un môme qui descendait a dit en passant près de moi, « pauvre couillon ! »
Je lui ai mis mon pied au cul.

 

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Commentaires
F
J'adoooore...
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