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Melting Pot et vin blanc doux
2 mars 2015

trève de plaisanteries,

Je ne voulais pas évoquier le sujet "à chaud" en rentrant de mon court périple à Pékin, mais voilà une semaine que je suis revenue, et l'impression première ne s'efface pas. Quand on me demande "Alors, Pékin, c'était comment ?" une seule réponse me vient. C'était l'apocalypse. Nous le savons tous, l'air de Pékin est pollué. Mais nous manquons de références pour cette pollution-là. L'indice qui sert à la mesurer s'étale de 0 à 300 et plus. Sur les huit jours que j'y ai passés, quatre affichaient un taux de pollution supérieur à 300, avec un pic à 538 le lendemain de mon arrivée. Durant les quatre autres, le taux variait entre 150 et 250, qualifié de "condition d'urgence". Au delà de ce seuil, les risques sont immédiats : les particules fines sont susceptibles de provoquer tout un tas de joyeusetés allant de l'infarctus à l'AVC. Concrètement, l'empoisonnement de l'air se manifeste par une visibilité très limitée, c'est à dire inférieure à dix mètres. Maux de tête garantis, irritation des yeux, goût de sable dans la bouche. Ces jours-là, Pékin marche au ralenti. Les cyclistes peinent à avancer, qu'importe, il faut bien, malgré les recommandations sanitaires qui conseillent de rester chez soi, aller bosser. Malgré notre désir de voir Pékin, nous n'avons fait que de courtes incursions dans la ville. Un jour, et un seul, l'air est redevenu respirable.

Curieusement, c'est le seul "problème" de ce pays communiste qui soit évoqué à la télévision chinoise. Même sans comprendre le commentaire, on arrive à suivre la tragédie de cette agricultrice (Pékin est entouré de vergers) qui furax, brandit ses mandarines marron à la face de l'industriel dont les cheminées dégorgent abondamment leur fumée noire sur les arbres. La récolte est bonne pour la poubelle. L'industriel, l'air bon enfant, proteste des dénégations. C'est pas sa faute. C'est la fatalité. La même fatalité qui fait que nombre d'enfants naissent là-bas avec des tumeurs diverses, ou développent des cancers des poumons avant d'avoir atteint leur septième anniversaire.

La vie d'un Chinois, c'est pas nouveau, vaut moins que celle de n'importe quel européen. Combien de temps seront-ils prêts à l'accepter ? Quand on voit la vénération qu'ils continuent à porter à Mao, dont le mausolée, place Tien An Men, ne désemplit pas, on se dit que la prochaine révolution n'est pas pour demain. Pourtant, à l'échelle individuelle, ils font bien plus que nous pour limiter les dégâts. Mobylettes électriques, systèmes de chauffage non polluants, tri des déchets sont bien plus développés à Pékin que chez nous. Hélas, leur goût pour les grosses cylindrées et l'exploitation du charbon à grande échelle viennentt largement contrebalancer leurs efforts.

Chonchon, qui vit là-bas depuis quelques mois, me disait qu'on pourrait rebaptiser la Chine "Le pays où l'on ne voit jamais le ciel". Il n'a pas tort. Il faut faire soixante dix kilomètres hors de Pékin pour voir enfin le ciel. Un soir, pourtant, en rentrant à l'hotel, j'ai dit à mes garçons. Regardez, on voit la lune. Ils ont levé le nez, et se sont mis à rire. C'est pas la lune, c'est un réverbère. Tellement perdu dans le brouillard qu'il ne distribuait qu'un faible halo de lumière, à deux mètres au dessus de nos têtes.

Alors, comment c'était, Pékin ? C'était l'apocalypse. Le seul endroit du monde où, malgré ses merveilles, je ne retournerai jamais.

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Commentaires
M
bon, alors salut meilleur pote de chris.
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C
Bifane c'est un de mes meilleurs potos du net :)
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M
non, il ne travaille pas à Pékin mais à Hefei, six millions d'habitants tout de même, mais d'après lui (j'y suis pas allée) le trou du cul de la Chine. <br /> <br /> au passage, c'est qui Bifane ?
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C
Pourtant ils font sacrément des efforts question écologie, j'ai lu un docu la semaine dernière à propos des milliards d'arbres qu'ils ont planté en quelques années, avec leur fameuse "ceinture verte" (concept repris en Afrique sous l'égide d'une femme fabuleuse dont j'ai bouffé le nom (honte à moi)) ils sont juste en passe de constituer le nouveaupoumon vert du monde. Mais j'ai mal compris ton fils ne travaille pas à Pékin même si?<br /> <br /> <br /> <br /> Au passage salut Bifane ;)
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M
Oui, mais ce problème là pourrait bien être celui qui amènera un bouleversement politique en chine...
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