Hygiène antique.
Jamais un maître d'école respectable - de ceux qui tracent des cercles parfaits à main levée avec une petite croix pile au centre - n'omet, dans ses cours d'histoire, ces mille et une anecdotes qui se gravent dans les mémoires bien mieux que les dates des traités.Ainsi mentionnent-ils invariablement le fait que les rois carolingiens, comme les populations rurales dans les années 50, prenaient un bain le samedi, que les courtisans de Louis XIV pissaient dans des seaux, ou légèrement à côté, ou que le fumet de gousset d'Henri IV était aussi célèbre que celui de sa poule au pot.
Il n'est pas rare, d'ailleurs, que survienne alors une digression sur l'hygiène à travers les âges. L'hygiène irréprochable des Gaulois qui ont inventé le savon et se brossaient chaque jour les dents avec leur urine en guise de dentifrice (1) et celle, plus discutable des grecs qui préféraient entretenir leur dentition en la frottant d'une mixture de pierre ponce et de dents de chiens pilées. On finira en évoquant les latrines publiques du monde romain, comme celles qui fonctionnaient encore au Thermes de Gay Lussac à Paris au IIème siècle. Une salle en U de plus de 100m2, véritable lieu de convivialité, où l'on pouvait se soulager les entrailles dans un lieu sain et en bonne compagnie. On y avait poussé le sens du confort jusqu'à prévoir - tout au long des sièges percés, une rigole dans laquelle circulait de l'eau propre pour qu'on puisse y laver l'éponge avec laquelle on se torchait le cul. Gravés dans les murs, de nombreux graffitis (J'ai bien chié !) témoignent encore de la satisfaction des usagers.
Satisfaction qui, hélas, disparaîtrait avec l'empire de Rome, pour ne renaître que bien plus tard, au milieu du XIXème siècle...
(1) Diodore de Sicile, Bibliotheca historica. Je précise la source, parce que sinon vous allez encore dire que j'invente.