Où comment deux langues sont inégales devant certaines choses...
Chaplin, c'est l'apothéose du visuel. Décrire les gesticulations de ce clown-là, les représenter au lecteur, c'est un défi que je ne souhaite à personne de devoir relever, surtout en français. Pourquoi ? Parce que notre langue, si elle excelle à la description statique, est particulièrement difficile à manier pour exposer sans lourdeur des séquences de mouvements rapides. surtout avec ce côté saccadé de l'époque. Petite expérience... regardez la vidéo, et essayez de restituer verbalement le comique de Chaplin. J'offre une bouteille de vin blanc, frais de port payés, à celui qui m'offre quelque chose de convaincant. Pourquoi je vous raconte ça ? Hé bien parce que depuis maintenant des mois, je planche sur une traduction de l'anglais d'un texte dont le héros se prend, trente pages durant, pour le grand Charlie. Or l'anglais, lui, par le jeu des verbes à préposition (et pour peu qu'on le maîtrise fermement) jongle avec la séquence vidéo comme Anthony Gatto avec des quilles. Restituer ça en français, c'est se condamner à travailler a minima, ce qui fait que je suis assez peu inquiète pour mes bouteilles, sauf si Orlando s'amuse à concourir. Pour Marilé, je suis tranquille, sa spécialité à elle, c'est la lenteur...