Chus l'poinçonneur des lilas...
Toute môme, à un âge où je ne savais ni ce qu’était un métro, ni a plus forte raison, un poinçonneur, j’entendais souvent à la radio cette chanson qui me semblait d’autant plus poétique qu’elle m’était inaccessible.
J’fais des trous, des p’tits trous…
J’avais six ans peut-être, des lilas fleurissaient devant chez nous – un plein bosquet, et ma mère avait dans sa boîte à couture un poinçon à manche de bois blanc, que je lui avais piqué en douce. Pendant toute la floraison, j’ai joué au poinçonneur, coupant les grappes de fleurs pour trouer leurs minuscules pétales avec le dard d’acier.
Jeu solitaire, hypnotique, au moins autant que la chanson dont je chantais les bribes qui me causaient.
Chus LA poinçonneur des lilas, talilalilalilalilala, j’fais des trous, des p’tits trous…
Ma mère a cessé d’aimer Gainsbourg quand il est devenu Gainsbarre, juste au moment où j’ai commencé, moi, à l’aimer en entier.
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