Mon pognon, le vôtre, le leur…
Chuis curieuse comme fille, moi, et j’aime bien savoir comment se passent les choses autour de moi. Aussi, quand je tiens un sachant, j’aime à le faire causer. Comme ce matin, où après avoir brillamment négocié le montant global d’une facture, j’interrogeai un chef d’entreprise en bâtiment sur les modalités qui gèrent les marchés publics. Or donc. Les mairies, notamment, la mienne comme la vôtre, rédigent des appels d’offre publics quand elles prévoient des travaux. En théorie, c’est le moins offrant qui l’emporte. Bien sûr, la concurrence s’auto régule, et les entreprises qui fournissent les devis se rendent ponctuellement des politesses de bon aloi pour permettre à chacun de s’y retrouver, et comme à la maternelle, d’avoir son tour pour collecter le bon point. Mais il arrive aussi que tel ou tel marché soit suffisamment alléchant pour qu’on fasse fi de la politesse. Dans ces cas-là, il semblerait que la naturelle probité des employés municipaux fasse les frais – dans tous les sens du terme, de ces opérations.
Cher, les frais ?
Boh, ça dépend comment on calcule, m’a répondu mon interlocuteur en souriant. La semaine dernière, il lui en a coûté la bagatelle de 2500 euros pour que les devis d’un montant inférieur au sien finissent dans la broyeuse à papier plutôt que sur le bureau des décideurs. Faut avouer que pour un marché de 65000 euros, le sacrifice est négligeable.
Ne croyez pas surtout que je joue les prudes choquées. Ca me ferait plutôt sourire… comme l’histoire de ce maître d’œuvre qui s’est fait construire sur le bord du lac une villa gallo romaine du meilleur effet, en facturant l’intégralité de ses travaux à ses propres clients. Faut vraiment être con pour être salarié !