Et puis merde eh oh.
Présupposons une comptabilité normalement accessible à un
élève de BEP. A peine peut-on y voir d’ailleurs plus qu’un simple exercice de
trésorerie. Recettes, dépenses, dûment répertoriées en colonnes invariables,
vérifiées et pointées sans erreurs sur les relevés des trois comptes bancaires
par lesquels transitent les fonds qui sont l’objet de cette fastidieuse corvée consistant à soustraire deux grands nombres dont chacun est la somme d'une myriade de petits. Pas dur, normalement.
Bref, putain de comptes. En début d’après midi, il me
manquait environ 23000 euros Vers quatre heures, j’avais réduit les affres du
débit à 7.66 euros. A l’heure qu’il est, j’ai 66 centimes d’excédent et
toujours aucune certitude d’arriver à autre chose qu’une approximation
optimiste. Mais après tout, la dernière fois que je leur ai rendu des comptes,
je m’étais gourée en recopiant les chiffres d'une soustraction de
près de 7000 euros sur un total de 30000, et il a fallu que je le leur signale
parce que personne ne s’en était rendu compte. C’est quand même étonnant.
Quinze copropriétaires parfaitement avertis de mon acalculie continuent à me
confier des millions de francs sans même jeter un œil à mes soustractions.
Pourtant, une fois, devant eux, je me suis trompée en
décomptant dix voix sur quinze au vote du règlement de copropriété, que je leur
ai balancé comme adopté. C’est après avoir fini la bouteille que j’avais
ouverte pour fêter ça que je me suis rendu compte que je m’avais gouré en
comptant jusqu’à dix. J’ai rectifié les résultats du vote par courrier, et j’ai
pris un rendez-vous chez un psy pour qu’il m’explique. Ce salaud m’a tiré
quatre-vingt euros pour l’heure qu’il a passée à se bidonner en m’écoutant lui
expliquer, exemples à l’appui, mon problème avec le calcul, alors j’ai pas
renouvelé l’expérience, parce que les multiples de 80, c’est putain de raide.