jeux d'oiseaux

C’est pas nouveau, les oiseaux jouent, et s’inventent des sauteries d’une organisation confondante quand on songe au volume de leur cerveau. Tous les oiseaux jouent. Les mouettes, par exemple. On s’en aperçoit moins quand on les observe en bord de mer, mais dès qu’on lève le nez en ville, c’est évident. Je les ai vues un jour s’aligner par dizaines sur la crête d’un toit de cathédrale pour s’élancer avec un bel ensemble au dessus du canal qui ouvre sur le lac, se laisser porter par l’air chauffé de l’avenue jusqu’aux abords de l’île au cygnes pour revenir en escadron se ranger sur le même toit avant de recommencer la manœuvre. Dix fois au moins. Après, j’avais trop mal aux cervicales et pis fallait que je passe au Prisu, j’ai laissé tomber.

A Providence, c’est plein d’hirondelles. Une hirondelle qui vole c’est mi torpille mi dauphin. Là aussi, elles s’alignent sur le toit du couvent, et une par une s’élancent au ras des tuiles rondes pour décrire des cercles entre les deux murs qui barrent la rue étroite. Chaque année il s’en trouve une au moins pour se fracasser dans un élan mal maîtrisé. Pas grave, à Providence,  elles ressuscitent en trois jours.

Ce soir, je les regardais jouer au dessus de ma tête, en plein espace de forêt, et c’était comme une cour de récré, mais je n’arrivais pas à comprendre les règles. Il a fallu que je grimpe la colline pour voir en entier leur espace de ciel. J’en suis pas revenue. Je vous jure, elles s’amusaient à répéter un numéro de natation synchronisée. Jamais j’avais vu avant aussi bien la géométrie en trois D. Magnifico.