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Melting Pot et vin blanc doux
21 février 2014

De la curiosité et de l'amour des fleurs.

Partie cette semaine voir mon fils à Londres, j'admire depuis la fenêtre de sa chambre la mare bucolique qui jouxte son appartement. On est sur l'Isle of Dogs, à une dizaine de minutes à pied de Greenwitch, et l'endroit oscille entre métropole et campagne dans un enchevêtrement de buildings et de cottages où abondent les renards comme les Golden Boys. Etonnant, attachant, déroutant. Chaque soir en rentrant de mes périples quotidiens je longe la mare aux canards, détaillant la flore qui la peuple. Ces fleurs en bouton, qui poussent au ras de l'eau, sont-ce des narcisses ou des jonquilles ? Hier soir, poussée par la curiosité, je décide d'aller en ramasser quelques unes avec leur bulbe pour les replanter sur mes fenêtres de Providence. Il faut simplement que je fasse attention à ne pas glisser, les rives étant escarpées, boueuses, et pour tout dire peu accessibles. J'asssure mes talons dans la boue, un peu inquiète, les bulbes sont plus loin que je ne l'avais cru tout d'abord, mais je ne vais pas renoncer pour si peu. Les jambes écartées, je me penche, atteins du bout des doigts les tiges convoitées, et tire doucement pour ne pas âbimer les racines. Ca résiste. Je me penche un peu plus, accentue mon effort, et avant d'avoir eu le temps de refermer la bouche sur un malencontreux OH d'étonnement, je me retrouve plongée dans la vase la tête la première, dans la posture du cygne à la recherche de sa pitance, sans pouvoir me dégager. La boue de l'étang fait ventouse, s'infiltre dans mes narines, mes oreilles, jusqu'au fond de ma gorge. Mes deux mains ont suivi la trajectoire de la tête, et quand enfin j'arrive à m'extirper du cloaque, suffoquée, secouée de nausées, ruisselante d'eau sale et de boue liquide, il ne manque à la scène qu'une grenouille surprise pour lui donner tout le peps d'un dessin de Gotlieb. La bonne nouvelle, c'est que j'ai réussi à ne pas lâcher mes fleurs. La mauvaise, c'est qu'il va falloir que je regagne dans cet état l'appartement - heureusement proche - en m'arrêtant pour vomir tous les trois mètres. Bien sûr, sitôt la porte franchie, je tombe sur les colocataires italiens de mon fils qui me regardent comme si je tombais de la lune. Mais je comprends mieux leur ahurissement quand je vois mon image se réfléchir dans le miroir de l'escalier. C'est sous la douche, entre deux hoquets et vomissements, que j'ai commencé à rire comme je n'avais pas ri depuis longtemps. Du spectacle que je leur avais offert, et de celui qu'ils m'avaient offert en retour. J'ai dû mettre à la poubelle le manteau que je portais, absolument irrécupérable, et expliquer à mon fils que non, je ne faisais pas exprès de lui foutre la honte... Il a fini par hausser les épaules en marmonnant qu'il n'y avait pas que le manteau, d'irrécupérable, et que si je voulais risquer la noyade en eaux troubles pour un pied de narcisse, il préfèrerait que j'aille le faire chez moi plutôt qu'à Londres où les enterrements, comme le reste, coûte "une blinde". Je lui aurais bien expliqué qu'il faut, à Rome, faire comme les Romains, et qu'Henri VIII avait connu la même mésaventure, en essayant de sauter un ruisseau, mais là, je l'aurais carrément exaspéré, il supportait depuis une semaine, à haute dose, mes anecdotes sur les rois d'Angleterre, c'était pas le moment de lui en placer une...

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Commentaires
M
je t'en prie...
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C
pour une jonquille... Merci de l'éclat
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M
Et un peu de charité chrétienne, non ?<br /> <br /> Pat, cherche "old crazy drowned" sur you tube, s'il y avait quelqu'un pour filmer aux fenêtres, ça y est sûrement !
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G
celle-ci ! Merci, car ça "sent" ... le vécu au moins !
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B
que personne ne se soit baladé avec un appareil photo ! Mais ... en sommes nous sûrs !!
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