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Melting Pot et vin blanc doux
11 novembre 2009

This and that.

noah_webster_dictionary_1828_smallY'a des distinctions subtiles. N'ayez crainte, je ne vais pas vous infliger l'une de ces digressions grammaticales qui vous fatiguent. Bref, mon Chonchon de fils me causait tout à l'heure de ses chères études, et des vices de son dernier devoir de thème.
Y'avait un de ces vocabulaires, là-dedans, sérieux, sans dictionnaire, c'est pas gérable. Tiens, naufragé... je savais pas, j'ai mis sea lost.
Et là Chonchon touche à un point qui me tient à coeur. Y'a une distinction fondamentale entre le métier de traducteur et celui d'interprète. Pour être interprète, il faut soit être bilingue de naissance, soit se faire greffer sur le cerverau le Harraps bilingue en quatre volumes, en se condamnant à exhiber à vie cette protubérance disgracieuse. Un traducteur, ça travaille sur la longueur, avec des dictionnaires, et des tas d'autres livres à disposition. Un interprète, ça travaille dans l'urgence. On ne peut pas comparer l'anatomie d'un coureur de fond et celle d'un sprinter de cent mètres. Aussi me suis-je toujours étonnée qu'en fac d'anglais, on nous demande de faire les traductions d'examen sans dico.
Le français compte environ 35000 mots - et parmi les outils du traducteur, le dictionnaire français occupe la première place. L'anglais 200 000. A chaque fois que vous attaquez une page de traduction, vous pouvez être sûr que vous y trouverez au moins un mot qui vous est hermétique en version, ou une difficulté vicieuse en français.
Bien sûr, l'absence de dictionnaire est formatrice en ce qu'elle oblige l'apprenti traducteur à mettre en oeuvre des stratégies de compréhension et d'intuition parfaitement nécessaires. Mais en condition d'examen, ne devrait-on pas laisser l'élève donner la pleine mesure de ce qu'il est capable de faire avec les outils de son travail ? Demande-t-on à un maçon de monter un mur sans truelle ?
D'autant que - aucun étudiant, durant ses partiels en amphi, ne va pisser plus régulièrement que ceux qui planchent sur une traduction. Aux chiottes de la bibliothèque, de préférence, avec excursion rapide au premier étage, où sont rangés les Harraps et autres Websters. Du moins, à l'époque où j'étais à la fac. Maintenant, avec les zipodes et autres plaisanteries miniatures, ils n'ont même plus besoin de bouger de leur chaise.
C'est ce que j'ai dit à mon Chonchon :
- Mais pourquoi tu t'es pas servi de ton bidule ?
- Parce que figure-toi que la prof de thème a pour moi un tel faible qu'elle me demande toujours de m'asseoir pas trop loin de son bureau pour qu'on puisse causer dès que j'ai fini mes traducs. Alors j'allais quand même pas lui sortir mon dico sous le nez !
- Et aller pisser, grand con ? tu y as pas pensé ?

Bon, d'accord, c'est pas des façons d'élever ses enfants. Mais ho, il a vingt ans celui-là, on peut causer comme des gens qui connaissent un peu la vie maintenant, non ?


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