Gare au Gorille !
L'amusante mésaventure que nous conte Chris sur son blog m'en a remis en mémoire une autre, déjà ancienne, dont le héros n'était pas une bande de vaches, mais un gorille. Je n'ai hélas, pas de photos pour l'illustrer, mais votre imagination aidant, vous devriez arriver sans trop de peine à vous représenter la scène.
Nous musions, chéri, son frère et moi, au zoo de Hanovre - divertissement que je recommande à tout un chacun qui veut se familiariser avec la langue allemande, et qui vaut bien le chapitre "animaux" de la méthode Assimil. Dans le quartier des Affen, singes en tous genres, trônait derrière une vitre épaisse une horde de gorilles livrés à leurs habituelles occupations - épouillage, farniente, et jeux pour les plus jeunes. Chéri, en spécialiste de l'espèce, ne tarda pas à nous désigner les membres de la horde en nous expliquant le rôle social de chacun.
- Et celui-là, perché tout seul sur son rocher, c'est le mâle dominant.
- C'est amusant, lui fit remarquer son frère, il te regarde vraiment de travers depuis cinq minutes !
- C'est parce qu'il a reconnu en moi le dangereux rival, répondit chéri sans rire. (alors que nous quand même un peu).
- Rival ou pas rival, il a raison ton frère, tu devrais te mettre en position de soumission, parce qu'il a pas l'air content !
Mais vous le savez comme moi, un jeune rival potentiel, ça se soumet pas aussi facilement. Chéri, au lieu de se recroqueviller mains sur la tête, continua d'observer le grand chef en se frisant ostensiblement la moustache.
Las ! en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le gorille, sautant sur ses courtes mais musculeuses pattes, déboulait à fond la caisse de son rocher en hurlant des gutturalités dont le sens, assez clair, était encore renforcé par un énorme poing dressé qui vint s'abattre avec un bruit mat sur le plexiglas juste à l'endroit où se tenait encore, une seconde auparavant, chéri qui, renonçant à toute prétention, avait détalé sans demander son compte - nous laissant son frère et moi complètement médusés, nul être vivant ne pouvant se flatter d'avoir jamais vu ce simiesque-là se déplacer autrement qu'à l'allure du paressseux.
J'ignore encore ce qui a pu motiver l'agression caractérisée du Gorille, mais chéri, lui, n'a jamais voulu démordre de sa thèse de rivalité entre mâles dominants, et a toujours, depuis, soigneusement évité les fosses à Gorilles dans les zoo...
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