Amours Paysannes
Je vous le disais il y a peu, il
arrive souvent qu’on me remercie de mes services de traduction d’un café, d’une
fleur, d’un fou rire ou d’un livre. J’ai, il y a peu, bidouillé quelques lignes
pour un charmant monsieur, ethnologue de son état, qui gentiment m’a adressé
deux de ses bouquins. Je me suis plongée hier soir dans le premier, et je
ressors, quelques heures plus tard à peine, toute tourneboulée du récit d’Adeline.
Adeline qui ? On sait pas, on s’en fout. Adeline, née en 1910 dans la
campagne vendéenne raconte pour Michel Valière sa vie de domestique agricole,
mariée à 18 ans à un ivrogne, mère de douze drôles et drôlesses dont une bonne
moitié ne sont pas les enfants de son époux.
A 70 ans, elle raconte, et écrit
dans des cahiers, ses souvenirs, ses morales, son code de vie à elle, dicté
dans un monde rural aux mains des hommes à des femmes qui, par ignorance ou
fatalisme, ne discutent pas les règles. Dans un langage savoureux, et
judicieusement mis en scène par l’ethnologue, elle nous entraîne sur la route
de ces femmes abruties de travail et de superstitions, rappelant pour nous
chansons, recettes de bonnes femmes, coutumes et mœurs d’un monde qui meurt
avec les derniers représentants de son espèce.
Et pourtant, la vie, la morale et
les décisions d’Adeline sont d’une actualité surprenante. Ne comptez pas sur
moi pour tout vous dire. Faites le détour, lisez l’histoire, et s’il vous reste
un peu de temps, repensez-y en préparant le prochain repas, votre marmaille
accrochée à vos basques… Oui, y’a des fois de quoi pleurer de rage d’être une
gonzesse. Heureusement, on sait aussi pleurer de rire. Adeline comme les
autres. Heureusement.
Amours Paysannes
Michel Valière
Geste éditions.
Dispo sur Amazone.