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Melting Pot et vin blanc doux
29 novembre 2007

Comment se faire des ennemis dans l’Education Nationale.

 L’une de mes copines est instit. Vous aussi ? Ha bon, alors c’est pas la peine que je vous raconte. Si ? Bon.

Donc l’une de mes copines est instit, et depuis des années je l’entends déplorer les lacunes de ses élèves de CM en Français. En début d’année, me dit-elle, je leur ai demandé quelle était leur matière favorite, et celle qu’ils détestaient. Ils ont tous dit qu’ils détestaient le Français. Faut voir le niveau qu’ils ont. Une catastrophe, ils ne savent même pas identifier un verbe.

Ben, c’est pas nouveau que j’ai répondu. Pis quand même, c’est un peu de votre faute hein, quand on voit comment vous enseignez ça.

HIIIIIIIIIIII… HIIIIIIIIIIIII…

Faut jamais dire à un instit que c’est sa faute, même quand c’est sa faute, et même quand c’est une copine. Surtout quand c’est une copine.

J’ai attendu qu’elle arrête de me striduler des syndicalismes, et je lui ai demandé si elle avait déjà pensé à les prendre par la bande et à les faire rire.

Ha, parce qu’on peut prendre le Français par la bande peut-être, qu’elle m’a répondu.

J’y ai dit qu’oui, of course, et que par « Français » on pouvait entendre bien des choses hilarantes. Comme l’étymologie. Et je lui ai raconté l’histoire de l’orchidée. J’étais prête à parier qu’à l’issue d’un cours d’étymologie rigolote, les mômes reconnaitraient les verbes et les noms du premier coup d’œil.

Et comment s’il te plaît ? m’a-t-elle défiée.

Je lui ai suggéré d’amener en cours une orchidée, et de l’arracher à la terre sous les yeux ébahis des gosses qui ne manqueraient pas d’observer la forme couillue de ses racines. Et de leur expliquer que c’est à cause d’elles que l’orchidée se nomme comme ça. Parce qu’orchis, c’est couille, nom féminin[1], en Grec. Ca aurait l’avantage de leur démontrer que le langage n’est pas une abstraction, et qu’il y a des raisons à toute chose, ou presque, comme au terme de « racine » en grammaire, et que lesdites raisons sont rarement fastidieuses.

Oui mais les noms et verbes, quel rapport ?

Ben, lui ai-je dit. Tu dévies, et tu leur expliques qu’avec une racine grecque, comme orchis, on peut faire d’autres mots. Comme les savants. Tiens, avec le nom orchis et le verbe klastein, casser, tu peux faire un gros mot savant. Orchiclaste, in french casse-couille.

Pis dès qu’ils sont un peu calmés, tu leur file une liste de mots français dérivés du Grec, les mots grecs correspondants, et tu leur demande de retrouver leurs petits. Mais tu te veilles les mots que tu choisis. Faut pas qu’y ait d’équivoque. D’abord les verbes français/grec, ensuite les noms français/grec, enfin les binômes nom/verbe français et grecs.

J’ai dit binôme par pure malice, c’est un mot que les instits aiment bien. Ca les rassure.

Ha mais c’est pas con… ha mais c’est pas con…

Et du coup, elle s’est lancée.

J’ai reçu hier soir un mail incendiaire.

« Je leur ai fait le plan de l’orchidée. Merci. Ca fait trois jours, et j’ai toujours pas réussi à les calmer. T’es vraiment con.»

Ben, ça va être de ma faute. Pis elle m’a pas dit pour les repérages noms/verbes. J’aimerais bien savoir si ça a fonctionné. Pour l’orchiclaste, chus pas inquiète, je me doute bien qu’il sera pas perdu.



[1] Le risque, c’est qu’un élève qui suit plus que les autres va lui demander si c’est féminin pluriel même au singulier, à cause du s à la fin. Faut jamais sous estimer les mômes.

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Commentaires
O
TOUTES les professions du social, de la sollicitude, de l'aide, de l'enseignement, de la charité posent le même problème! T on fourgue ça aux femmes! Car il y a eu plein d'institutrices à partir de la guerre quatorzistique: crise, manque de mecs, plein crevés! Dès lors, le métier, dans les petites classes est devenu gnangnan par idéologie et poids de leur rôle social sur les filles! A l'intit' pète sec julesferryesque répondit la "maîtresse" vachement vertueuse patiente, sévère parfois, mais douce! Avec les petits gnanfants!<br /> On manque d'institutrices féroces, brutales, carnivores et odieuses! Domina, quoi... mais le cuir, à l'école...<br /> Soyez fières et cognez fort!
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M
Je sais pas si je vais m'autoriser à oser penser un truc aussi gonflé en fait.
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M
non.. ?<br /> tu crois vraiment ?<br /> enfin, c'est toi qui vois hein, moi j'ai rien dit de tel.
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M
Ouais ... mais je crois ... enfin j'ose avoir l'audace de penser que ... même en eaux non troubles l'instit aime bien le misérabilisme, limite i se verrait bien attribuer une prime de risque pour travail pénible, tu crois pas ? "ah lala c'est un métier dur, les enfants sont durs, la société est dure" .... t'vois ?
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M
sacrebleu, mais n'allez donc pas croire que je ne le sais pas, qu'y a des zones de non droit. je vous raconterais bien mon expérience de prof d'anglais en lep, sensiblement différente de celle que j'ai pu vivre dans les beaux quartiers grenoblois, mais bon. <br /> je causais là de l'enseignement du français dans des écoles primaires d'une région hyper friquée, sans souci ni d'éducation ni de droit, avec des mômes sans autre révolte que celle que suscite l'ennui. <br /> là au moins, y'a moyen de parer non ?
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