L'avis des lecteurs
Il arrive, ponctuellement, que l’un ou l’autre lecteur de passage sur ces pages m’écrive un mail pour me dire ce qu’il pense de mes personnels gribouillages. Ces mails sont, toujours, une surprise. Quelquefois bonne, comme ce lecteur qui voilà une bonne année m’avait déclaré son « assuétude » (Michel pour le prochain café, j’attends un coup de fil), quelquefois moins, comme le mot de ce cuistre qui m’informait que ma polésie était bien celle qu’on pouvait attendre d’une comptable, que d’ailleurs je ne suis plus, et qui signait en outre Isidore Ducasse, rien que ça s’il vous plaît. Y’a des gens qui n’ont peur de rien. C’est que du véritable Lautréamont, j’eusse pris une gifle volontiers, mais d’un imposteur qui parie sur l’ignorance de ses semblables pour cacher son bête patronyme sous celui d’un illustre poète, pardonnez mon outrecuidance, mais je me gausse.
Vers de comptable, oui, et alors ? M’a-t-on jamais entendue me prétendre autre chose que ce que je suis, une housewife comme il en est tant, qui occupe ses heures oisives en comptant les pieds de veau du troupeau dans le champ d’en face ?
Ca m’occupe, pendant que je fais ça je suis pas au bistro, je braque pas les banques, et en plus je ne force personne à lire mes polésies. Alors l’avis d’aucuns Ducasse à la mords moi le mormon, je me le carre au cul, sans élégance, et même je réitère, parce que des polésies salaces, j’en écris autant que ça me fait plaisir, et comme ça ravit mes copines, aussi housewives et comptables que moi, je vois pas pourquoi je devrais me retiendre.
Rassurez vous, Monsieur, je
crois qu’il ne m’en reste guère en stock, et j’avions point le temps d’en
pondre d’autres, c’est que compter les pieds, ça prend du temps.
Aux autres, qui poussent l'indulgence jusqu'au sourire, je décline aujourd'hui
une révérence, et mille merci.