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Melting Pot et vin blanc doux
18 mai 2007

Marcel

Marcel a de gros godillots, une casquette bleue avec des rabats fourrés pour les oreilles, et un vieil anorak sur sa blouse de drap. Mes garçons l’appellent « le bon gars ». Bon gars, sûr qu’il l’est. Gentil aussi. Son bâton à la main, il arpente les champs environnants, brûle les cochonneries – c’est lui qui m’a débarrassée de mon sapin de Noël - allons, vous allez pas courir à la déchetterie pour ça non, vous avez bien assez à faire, pis moi, faire du feu, ça m’occupe tant que je peux pas être au jardin.

Marcel, c’est le gentil de cette famille de propriétaires si attachés à leur bien qu’ils nous en interdisent de traverser le champ pour gagner la forêt. Il est venu me trouver y’a une quinzaine de jours, pour me dire de pas me laisser emmerder. « C’est pas une pelouse, hein, vous passez bien quand ça vous fait plaisir ». Et pour pas donner prise à sa belle sœur, il est allé me tondre un passage jusqu’au bois, « comme ça, y diront pas que vous y abîmez, vous avez qu’à passer où je vous y ai tondu ».

Dimanche, quand je suis revenue du marché chargée comme une bourrique, il est venu à ma rencontre pour m’aider. Il était déjà au jardin à huit heures. « Vous avez pensé aux croissants au moins ? » Je lui ai promis de lui en ramener dimanche prochain.

Sauf que voilà, y’aura pas de dimanche prochain pour Marcel. Hier soir, il est resté à biner et désherber jusqu’à tard. Quand je me suis levée ce matin, y’avait dans la cour le SAMU et les pompiers. Ils n’ont rien pu y faire, Marcel a viré sa casquette, parti avant d’avoir vu ses patates de l’année et le rouge aux joues des cerises.

Vous allez me manquer, M’sieur Marcel. Je vous y ai pas dit, mais je vous aime bien.

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