géocatching.
Voilà bien un concept et un mot dont j'aurais pu longtemps tout ignorer. Sauf que.
Depuis plusieurs mois, j'observais de ma fenêtre des gens très divers rôder au pied de mon mur, accroupis ou sur la pointe des pieds, cherchant manifestement quelque chose. Une boucle d'oreille égarée ? Leur portefeuille ? Pourquoi diable tant de gens perdaient-ils quelque chose pile là ? Ce manège chaque jour répété et incompréhensible devenait de plus en plus intriguant. Et puis un jour, en sortant de chez moi, je me suis arrêtée une seconde pour refaire le lacet de ma basket, et là, dans le creux du soupirail d'une cave, j'ai vu une boîte de pellicule photo scotchée à la grille par un aimant. Euréka putain mais voilà ! Curieuse, vous pensez bien, j'ai ouvert la boîte (je me demande si c'est pas du plagiat, ça.) Elle contenait de longues bandelettes de papier signées de tous les chercheurs obstinés qui avaient mis la main dessus, et qu'on appelle géocatcheurs. Depuis, j'observe leur manège avec un intérêt certain. Il y a les solitaires, méthodiques, l'oeil rivé à leur GPS, qui se posent exactement à l'angle des coordonnées et fondent sur la boîte comme des aigles, les couples qui batifolent en cherchant ça et là, des filles qui fouillent les herbes folles au pied du mur, des ados bruyants ta mère, des familles de toutes nationalités, des canadiens hilares, deux nonnes indiennes, des papis en goguette. Tout ce qui entre dans la ville passe ici. Tout ce qui en sort, après des nuits de bringue aussi. Tel, la nuit dernière, le connard aviné qui, s'étant penché là pour gerber bruyamment, a copieusement, entre deux borborygmes, braillé sa découverte, et mon secret, à toute la rue. Bâtard.