Espagnolades.
J'aime beaucoup le cinéma et la musique espagnols. En regardant hier "las cosas del querer" (les choses de l'amour) je m'étonnais encore de ce talent qu'on les Ibères pour la tragi-comédie, cette façon qu'ils ont de mêler le rire et les larmes en chansons, et de fil en aiguille, je suis retournée écouter cette chanson de La Lupe qui m'a toujours amusée, La Lloradora.
Pour que vous puissiez en profiter aussi, je vous laisse une traduction du texte (du moins du texte de base, parce qu'à chaque interprétation, elle en rajoute une couche, mais vous aurez l'esprit...)
Antonia pleure sur commande
Elle pleure vos défunts
Un moment à la demande.
Elle pleure pour du pognon
Discrètement ou à grands cris,
Si on veut qu’elle embrasse le mort
Elle demande un supplément.
Alors pourquoi pas moi, j’essaie.
Antonia pleure sur commande
Montrez- moi un peu comment
Que je puisse pleurer aussi
(parlé)
Qui est là ?
La veuve qui veut que je pleure son mort ?
Faites-la entrer.
Bonjour, Dona, je ne suis pas riche, mais je pleure pour du pognon, je peux offrir trois prestations.
D’abord je peux juste gémir, pour 25 pesos seulement. Comme ça, hi, hi, hi, haio hii.
Ou bien me lamenter, sans larme, pour 50 pesos. Ecoutez : Ay, Ay, mon mari !
Pour la troisième prestation, je pleure vraiment, me roule par terre au point qu’il faut me donner un alcool fort pour me remettre, j’embrasse le mort si vous voulez, mais il faut m’allonger 100 pesos. Ca vous convient ? Alors c’est parti. Ay, mon pauvre mari, si beau, que tout le monde me disait « mon chou, il ressemble à Tito Puente », et si gentil. Tous les soirs, il me ramenait des brioches et des tripes. Non, ne l’emmenez pas, pas encore, on dirait qu’il dort dans mes bras. Ah, ne me laisse pas seule dans ce monde cruel, ah, je défaille, donnez-moi un coup de calva, ahhh.
Montrez-moi comment elle pleure
Que je pleure moi aussi.
Elle pleure pour du pognon
Elle pleure sans consolation
Elle peut même embrasser le mort
Pour quelques pesos en extra.
On l’appelle la pleureuse.
Ecoutez, et dites-moi
Combien on peut me payer
Si je pleure moi aussi.
Quand elle pleure le défunt,
Elle gémit avec conviction,
Elle se tord les mains, elle crie,
Et pour quelques pesos de plus,
Elle embrasse même le défunt.