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Melting Pot et vin blanc doux
1 novembre 2015

Orlando de Rudder, old chap.

Orlando est mort, la semaine dernière, dans les bras d'Irène. Irène, je ne l'ai jamais rencontrée en vrai, juste sur le web. On a écrit des choses ensemble un temps, et c'est surtout par ses écrits que je la connais. Une érudition comme on en voit peu, un caractère de cochon. Ca faisait deux bonnes raison pour que ces deux-là se rapprochent. Parce que pour l'érudition et le caractère de cochon, ils faisaient une jolie paire, bien assortie. Orlando non plus, je ne l'ai jamais rencontré en vrai. Jules m'a offert, il y a un peu plus de dix ans, un bouquin fantastique. Aperto Libro, qui recensait les plus fameuses citations latines assorties de commentaires aussi intéressants que loufoques. J'avais été conquise, et le bouquin n'a jamais quitté l'étagère des indispensables. C'est en cherchant d'autres ouvrages du même auteur sur le web que je suis tombée sur son blog : hormis ses poèmes, c'était un magma informe de n'importe quoi. J'ai passé mon chemin, et c'est lui qui a croisé le mien quelques mois plus tard. Je lisais régulièrement les écrits de l'un de ses amis, il a suivi un commentaire, est arrivé chez moi. Ce qu'il a lu lui a plu, il m'a fait un mot, on a commencé à parler, de livres, d'auteurs, d'écriture. Je lui ai raconté que je rêvais de devenir traductrice, mais que mon premier essai, pour la collection Harlequin avait été un fiasco. Leur jugement était sans appel, je manquais de qualités littéraires. Ca l'avait fait hurler de rire. Quelques semaines plus tard, il m'envoyait un message. L'un de ses copains éditeurs cherchait un traducteur pour un bouquin sur le rugby, il voulait que je l'appelle. On en a causé un peu, je lui ai dit non, le rugby, j'y connais rien. Il a gueulé. Il gueulait tout le temps, et puis pendant que je regardais ailleurs, il m'a poussée dans la piscine. Comme une vieille entremetteuse, il m'a mise en relation avec son pote. Je me suis lancée. Sept mois durant, il m'a accompagnée dans ce travail, me donnant des conseils, me remontant le moral quand j'étais sur le point de lâcher prise. Il était comme un chien qui ne lâche jamais son os. Pour le meilleur comme pour le pire. J'ai partagé avec lui de grandes joies, il m'a fait chier comme personne quand nous n'étions pas d'accord, publiant sur son blog des pamphlets anti-moi, comme si quelqu'un en avait quelque chose à foutre. Heureusement, je ne suis pas rancunière. On a fait la paix, on s'est re-engueulés, souvent. J'allais lire sa poésie, j'en ressortais tournedébloquée. Il avait l'art des mots, au plus haut point. C'est lui qui m'a fait découvrir Gourmont, entre autres. Qui m'a poussée à envoyer mes écrits à des éditeurs, à ne pas m'arrêter aux refus. Je lui ai envoyé une fois l'une de mes nouvelles, il m'a dit que c'était un chef d'oeuvre, et je sais qu'il le pensait. Et puis il y a quelques mois, il m'a envoyé un mail : il me remerciait de lui avoir fait connaître Irène - j'avais rien fait, il avait juste suivi un lien chez moi. Ils s'étaient rencontrés, en vrai, ils étaient tombés amoureux, ils allaient se marier. C'était une belle histoire. Hélas, l'auteur avait décidé de faire mourir son héros avant qu'ils aient beaucoup d'enfants. Mais comme je connais Irène, elle se relèvera, ne serait-ce que parce qu'elle est la dépositaire de magnifiques textes qu'il a laissés dans ses tiroirs et qu'elle mettra des années à éditer et à faire publier. Je t'embrasse ma grande, et si je peux t'aider dans ce travail, ce sera bien volontiers. In memoriam d'Orlando.

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Commentaires
M
salut chris, restent ses livres...
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C
Oh mince! :o/ C'est vrai que parfois il me fichait la trouille et que je t'avoue je craignais de lui déplaire et de devenir une "cible" pour ses piques. C'est pour ça que j'ai disparu de ses relations. Mais il m'a aussi souvent fait du bien quand j'étais attaquée par des cuistres sur mon blog, il m'a écrit pas mal de fois, m'a fait découvrir des gens vraiment intéressants, Pascal Perrot entre autres.<br /> <br /> <br /> <br /> Vraiment ça me fiche un coup de savoir qu'il n'est plus là.
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M
You're welcome. Dans la vraie vie je te crois sur parole, mais il se rattrapait sur le web...
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I
Merci Marie, tellement. Tu sais, dans la vraie vie, il ne gueulait pas tellement. Bon, vrai, il nous a fait chier aussi.
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