Eussé-je écrit pour un public djeun
que je me serais abstenue de reproduire ici cet extrait de "Imirce, ou la fille de la nature", mais je crois qu'on est plus ou moins entre vieux cons (mais non, restez) et que ça devrait, comme à moi, vous arracher un franc sourire. Comme je suis bonne, je vous épargne les f/s, u/v et autres "ois" qui plombent ce siècle.
"Le médecin avait ordonné un lavement. On fut le commander à l'apothicaire. Ariste, occupé dans ce moment, oublia de me donner des notions du lavement & des cérémonies qui le précedent L apothicaire entra chez moi, tira de dessous sa redingotte une seringue. Je la pris pour un tonnerre de poche(1), il était à peu près emblable à ce qu' Ariste appellait un fusil. Je frémis en le voyant. Je demandai à cet homme s il voulait me donner la puanteur(2). Non, non Mademoiselle, cela ne pue point c'est une décoction de camomille, l'odeur n'es pas désagréable pour ceux qui aiment la camomille romaine. Il faut prendre s'il vous plaît ce remede tandis qu il est chaud. Voyant que je ne remuais pas, l'apothicaire me dit Allons Mademoiselle, mettez-vous sur le lit Ne concevant rien à la médecine je crus qu il fallait boire ce breuvage sur mon lit, je m'y jettai. Tournez-vous me dit il. J'eus la complaisance d'obéir.Troussez-vous. Qu'appelles-tu me trousser ? Découvrez votre derrière, je ne puis vous donner le lavement dans cette attitude. Comment monstre, que veux-tu ? Serais-tu un Jésuite ?
HJ de Laurens, 1776.
(1) Tonnerre de poche, je suppose que c'est de l'argot de l'époque pour un genre d'escopette à canon scié ?
(2) Là, on en est réduits à subodorer, ou bien quelqu'un a une explication ?