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Melting Pot et vin blanc doux
19 février 2013

Haro sur l'ornithorynque.


Il est, sur terre, un certain nombre d’espèces sournoises et parasites dont chacun souhaite se garder sans en avoir pour autant les moyens. Connais ton ennemi, a sûrement dit un célèbre guerrier. Apprenons aujourd’hui à connaître dans ses mœurs cette race rare mais particulièrement néfaste de fâcheux que sont les hautboïstes dont les mélopées aigües et lancinantes, qui s’apparentent sans conteste à l’agonie d’un cygne émasculé, sont souvent  cause d’irréversibles pathologies auditives chez d’innocents contribuables.
Il faut avoir de près regardé un hautbois pour espérer percer enfin à jour un hautboïste.  Nous constatons qu’à tout observateur impartial, la ligne raide, coincée et légèrement évasée du hautbois évoque irrésistiblement l’image insolite de l’ornithorynque. 
 Or, et ce fait est resté, trop longtemps, méconnu du public, les hautboïstes sont, avec l’ornithorynque, les seuls mammifères ovipares. Fait curieux, il semble cependant que les hautboïstes n’aient acquis que bien plus tard que l’ornithorynque cette singularité biologique. Une datation au carbone quatorze a permis d’établir que cette évolution fut consécutive à la victoire des sans culottes qui, s’appliquant à désennoblir la musique elle même, firent, en égalitaire conscience, un joyeux massacre de hautbois et de hautboïstes. Les rares survivants trouvèrent dans les thèses de Darwin leur salut et s’empressèrent d’opter pour les méthodes évolutives, traversant ainsi sans définitifs dommages les vicissitudes de l’histoire de France. Les aficionados déplorent cependant que le nombre de ces volatiles ait, par suite des persécutions, considérablement décru, au point qu’il n’en reste à ce jour dans certains départements ruraux comme l’Ardèche (07) qu’un seul exemplaire non encore fossilisé. 
 Force est cependant de constater que le fait de savoir que le hautboïste est ovipare ne suffit pas à l’identifier formellement. Catégoriquement enjoint de pondre sur l’heure, un pianiste serait impuissant, mais un hautboïste pourrait fort bien, lui, dans un légitime souci de sauvegarde, simuler l’impuissance. Et cette évidente constatation, placée là à dessein, nous amène à une habile transition vers le second point de la démonstration qui nous préoccupe.
 Revenons un instant à l’examen minutieux de notre hautbois. Le hautbois est un instrument particulièrement vicieux qui ne consent à émettre ses couinements mélancoliques que pourvu d’une anche double, d’où il s’ensuit inéluctablement que tous les hautboïstes sont, eux aussi, hautement pourvus en duplicité. Leur fourberie, leur sens inné du sophisme, alliés à une rigoureuse logique en font de redoutables adversaires toujours avides de vaincre leurs malheureuses victimes en de vaines joutes oratoires héritées des passe-temps de salons ancestraux et trop précieux pour être véritablement honnêtes.
 Nous disposons maintenant de deux indices sérieux pour démasquer le hautboïste, et l’étau se resserre, en attendant de se refermer sur sa proie. Le hautbois, qui, nous l’avons vu, se déclara, pour son malheur ouvertement aristocratique, a longtemps cultivé le côté frêle et délicat qu’affectionnèrent, de tous temps, les valets de noblesse, et dans sa persistance à se réfugier dès les premiers frimas dans les lieux les plus clos, revendiquant sans pudeur sa dévotion à la musique de chambre, est devenu totalement inapte se produire en extérieur dès les premiers frimas. Cette consternante révélation pourrait paraître anecdotique au lecteur hâtif. Elle constitue pourtant le dernier et indispensable maillon de la chaîne à ligoter le hautboïste qu’on pourra maintenant à coup sûr identifier au sortir de la messe de Noël comme le seul palmipède spécieux dépourvu de hautbois.
  Il reste à noter que la même rigoureuse procédure peut et doit être appliquée sans restriction aux joueurs de basson, moins nocifs à l’oreille, mais aux effets extrêmement pernicieux sur le système nerveux de l’auditeur fortuit dont le silence tétanisé est trop souvent mis sur le compte d’un tacite consentement. 
  A bon entendeur, et qui souhaite le rester, Salut.

 

PS : il va sans dire que l’auteur n’a contre les hautboïstes aucun grief sérieux, et que cette invite ab absurdo à les éradiquer sans autre forme de procès n’a d’autre motivation que l’incapacité chronique du susnommé, coincé dans ses tares prolétariennes, à tirer le moindre son de ce noble instrument.

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Commentaires
C
pour les bas boïstes dont on ne parle que très rarement.
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C
oui.
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M
Plus c'est con, et plus ça vous plaît hein ?
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C
Vialatte du Lac!
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G
.... démonstration : je suis con vaincu !
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