Une orchidée c’est plat comme un
dessin de Chine. Lisse, tranchant, découpé trop parfait avec des feuilles qu’on
dirait des pas vraies. Un lys, c’est bien plus mâle, avec des pollens roux qui
s’intersticent en douce et du velouté sec. Un lys c’est raide aussi, mais ça
prend tout son sens aux côtés d’une vraie rose. Une qu’a poussé dans un jardin,
jaune veinée de rouge, charnue et odorante, et qui se penche un peu. Mais pas une
orchidée, non. Trop plat, décidément, aucun relief n’y fait, pas même une
pivoine. C’est comme ça les fleurs, et y’en a qui n’aiment pas les bouquets. Pourtant,
les fleurs en vrac, c’est bien plus beau. Des marguerites mêlées de mimosa, de
lilas, ou même de vulgaires trolles, c’est bien plus foisonnant, plus gai qu’une
noblesse qui s’emmerde de hauteur. Les fleurs de la roture préfèrent le pluriel
aux hautes solitudes, et le choeur des parfums qui se chassent croisé au silence
olfactif de certaines pecores qui ne consentent point à donner à humer.