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Melting Pot et vin blanc doux
11 septembre 2007

Comment qu'on cause

D’aucuns lecteurs, pourtant visiblement doués d’entendement, m’ont fait récemment remarquer que certains termes qu’ils lisent sous ma plume ne figurent pas au dictionnaire, et que par conséquent, puisqu’ils n’existent pas, je devrais m’abstenir d’en user.

Ha ! (et c’est là un « ha » de gausserie).

Savez-vous bien, bande d’emplâtres, que les mots du dictionnaire, surtout du Larousse, ça va ça vient, et qu’un mot absent là peut se trouver ailleurs, voire même ailleurs que dans l’un ou l’autre plus ou moins recommandable ouvrage académique. Il est même des mots qui ne se trouvent plus que dans la quasi sénescente mémoire de quelques vieux, dont je commence à être, et cette parcimonieuse présence, loin de leur ôter toute légitimité, renforce encore leur droit à la résistance, encore et toujours, à l’envahisseur coupeur de termes qui dépassent.

Mais foin d’ecbases. Tiens, çui-là par exemple, que l’imbécile correcteur word souligne d’un tortillon pour le désigner à l’arbitraire jugement du dictionnaire qui décide seul de ça qu’est bon ou pas… il reste cher au cœur de quelques universitaires qui le préfèrent au populaire et facile digression. Devrions-nous, par ostracisme, et pour nous ranger à l’avis de l’immense majorité de ceux qui disent « tu rigoles, une seule réponse sur le web ! » le laisser choir dans le plus triste oubli ?

Que nenni et fi donc. Préférons, par souci de singularisme, l’ecbase à la digression, le compendieux au succinct, la batrasse à l’averse, l’eccoprotique au laxatif, et purgeons notre langue des crispations de culs-serrés qui la veulent formatée autant qu’un petit beurre, et si je veux dire torcidage pour entorse, c’est moi que ça regarde, non mais.

Les mots ne doivent pas, ne peuvent pas, être otages des académies, ni des lexicographes, ni même des corporations qui ont récemment pris l’imbécile réflexe d’ester en justice pour faire supprimer des listes de néologismes ceux qu’ils trouvent nuisibles à leur image publique. C’est ainsi qu’on a vu les agriculteurs grand-bretons s’insurger de voir aux pages des dictionnaires anglais « couch potato » pour adolescent – c’est vrai que l’image de l’Ernest outre Manche en prend un coup dans l’aile, ou d’aucuns syndicats de la police française protester contre le tout nouveau rebeu au Petit Robert 2008, à cause de l’exemple qui illustre le terme : "T'es un pauvre petit rebeu qu'un connard de flic fait chier, c'est ça."

 

Devant le refus de Robert d’obtempérer à l’injonction, la police appelle au boycott (il est permis çui-là, depuis Napoléon) du dictionnaire. Mais ça, sans rire, c’est pas nouveau.

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Commentaires
A
je me barbarise de vos antélogisme !
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