Sella Stercoraria
(La chaise
percée)
Une femelle un jour au trône de Saint Pierre
Se hissa, en dupant par infinie bassesse
Les cardinaux, soumis aux vœux d’une drôlesse
Qui se fichait pas mal de Dieu et du bréviaire.
Qu’attendre des catins, même et surtout d’église ?
Celle là sans vergogne en procession pondit
Un lardon gros et gras dont la curée rougit.
Le scandale fut grand et la p… démise.
Il fallait sans tarder élire un nouveau pape,
Et s’assurer surtout qu’il serait masculin
Pour éviter que Dieu, aveuglé par ses seins,
Ne se sente trop homme, voire même priape.
A l’élection suivante sur un trône percé
L’aspirant au royaume, cul nu, fut installé.
On avait mis dessous un genre de valet
Dont le rôle, il me semble, se passe d’énoncé.
L’homme, du bout des doigts, tâta les attributs
De notre aspirant pape fort gêné par le froid,
Et les trouvant bien maigres et de fort peu de poids,
Oublia le latin dont on l’avait imbu.
Il eut dû s’exclamer en jargon de romain
Duos habet, bien sûr, et bene pendentes[1]
Mais troublé, ou sujet aux pensées décadentes
Il fit sans le vouloir un contrepet coquin[2].
Bien peu dans l’assemblée comprenaient le latin
Et pour les jeux de mots n’avaient que peu de goût.
Deux commères pourtant en rirent plus que prou
Et pene bendentes, peu bandantes, mâtin !
[1] « Il en a deux, et bien pendantes » annonce rituelle consacrant la virilité papale.
[2] Suivant l’art immémorial du contrepet, on inverse (dans ce cas précis) les premières lettres des deux mots, ce qui nous donne « et pene bendentes » qui peut se traduire par « à peine bandantes » si l’on est puriste, ou autrement, si l’on a décidé de considérer que la forme « pene » désigne un élément distinct des attributs masculins.
Les citations latines qui ont inspiré les textes qui figurent dans cette catégorie sont toutes extraites de l'Aperto Libro d'Orlando de Rudder, récemment réédité sous le titre de In Vino Veritas (finalement avec ces deux titres on cerne bien l'auteur, Révérence Cher Monsieur).